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« La Jeune fille à la fleur ». Manifestation contre la guerre au Vietnam, Washington D.C., États-Unis, 21 octobre 1967 ©Musée Guimet, legs Marc Riboud

Du 5 mars au 12 mai 2025, le Musée Guimet présente une exposition qui nous plonge dans la guerre du Vietnam… mais pas celle que l’on voit dans les livres d’histoire. À travers l’objectif de Marc Riboud, photographe humaniste, nous découvrons un Vietnam bien plus personnel et résistant.

Un regard hors normes

Quand on pense à la guerre du Vietnam, on imagine souvent les combats, les explosions et le chaos. Mais Marc Riboud, lui, a choisi de capturer quelque chose d’encore plus frappant : la vie qui continue malgré tout. De 1966 à 1976, Riboud parcourt le pays, et non pas pour photographier des soldats en pleine bataille, mais pour observer les petites scènes de la vie quotidienne qui échappent aux yeux des médias. La tendresse d’un couple se retrouvant dans un abri, un enfant qui joue au milieu des décombres, des travailleurs qui rebâtissent leur pays à mains nues… Ces images nous rappellent qu’au cœur de la guerre, l’espoir, la résilience et la force humaine n’ont jamais disparu.

Cette exposition au Musée Guimet, en partenariat avec l’association Les amis de Marc Riboud, est une occasion de voir le Vietnam sous un angle qui va au-delà des clichés. Elle nous invite à regarder la guerre autrement, à travers le prisme de l’humanité et de la reconstruction.

Le Vietnam tel un survivant

Une des choses qui marquent le plus dans le travail de Riboud, c’est sa capacité à saisir des moments de vie intenses, loin de toute mise en scène. Ce n’est pas un photographe qui demande aux gens de poser, mais un témoin silencieux, capturant des instants qui racontent tout. Il n’y a pas de pathos dans ses photos, seulement des histoires de courage, d’espoir et de souffrance, racontées à travers des visages et des gestes quotidiens.

Prenez par exemple cette image saisissante d’un homme en train de dégager un canal bouché dans le Nord Vietnam, en 1968. C’est un travail manuel, épuisant, mais c’est aussi un acte symbolique : celui de reconstruire son pays, une pierre à la fois. Marc Riboud réussit à transmettre ce message puissant, sans grand discours, mais avec une simplicité poignante.

« La Jeune fille à la fleur », un symbole de paix

Il y a des photos qui, malgré les années, restent gravées dans la mémoire collective. « La Jeune fille à la fleur », prise par Riboud en 1967 lors d’une manifestation contre la guerre, en est un parfait exemple. On y voit une jeune militante tendant une fleur aux soldats américains, un geste simple mais fort, devenu un symbole mondial de la résistance pacifique. Cette image, prise en plein cœur des tensions, nous rappelle que même dans le chaos, il est toujours possible de tendre la main pour la paix.

Ce n’est pas juste un joli moment capturé. C’est un appel, un cri de jeunesse qui, bien des années après, continue de résonner à travers le monde.

Après la guerre, un Vietnam en reconstruction

Lorsque la guerre se termine en 1975, le Vietnam est un pays dévasté, tant sur le plan humain que matériel. Riboud retourne sur place en 1976, et ses photographies de cette période montrent un pays qui peine à se relever. Mais malgré les souffrances et les destructions, on y voit aussi une force de caractère indomptable. Les gens reconstruisent leurs vies avec des moyens parfois rudimentaires mais toujours avec une bonne énergie.

Les clichés de Riboud, pris dans cette période de transition, dévoilent les cicatrices invisibles laissées par la guerre. Mais elles révèlent aussi un Vietnam qui regarde l’avenir, même si la paix reste fragile.

Plus qu’un photographe, un témoignage vivant

Cette exposition nous invite à revivre les années de guerre et de reconstruction, non à travers des récits militaires ou politiques, mais à travers les yeux d’un homme qui a su capter la vérité humaine. Marc Riboud ne s’est pas contenté de photographier un conflit ; il a immortalisé une époque, une résistance, une survie. Ses images, loin des clichés traditionnels de la guerre, nous montrent un Vietnam résilient, prêt à affronter le futur, quoi qu’il en coûte.

Le Musée Guimet nous offre ici une occasion de voir ces photos qui, au-delà de leur valeur documentaire, sont aussi un témoignage d’une époque où l’espoir, la paix et la reconstruction semblaient des rêves lointains. À ne pas manquer, donc, si vous êtes à la recherche d’une perspective nouvelle sur un des conflits les plus marquants du 20e siècle.

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