Dom Simon, A Touch of Hopper III, 2024, stylo à bille, crayon de couleur, papier Canson, 88 x 110 cm. Courtoisie de l’artiste et de la galerie Rodler Gschwenter
Chaque printemps, le Carreau du Temple devient le terrain de jeu du trait sous toutes ses formes. Drawing Now Paris, le salon du dessin contemporain, célèbre en 2025 sa 18e édition. Un âge symbolique pour une foire qui n’a de cesse de questionner l’essence même du dessin, tout en accompagnant les artistes émergents dans une scène artistique en pleine mutation.
Le dessin contemporain : un médium en mutation
Le dessin d’aujourd’hui n’est plus seulement affaire de crayon sur papier. Il s’émancipe, s’étire, se déploie sur de nouveaux supports, adoptant des formes inattendues. À travers les secteurs Process et Insight, Drawing Now met en lumière ces pratiques qui débordent des cadres traditionnels. Des vidéos animées aux expérimentations avec des matériaux vivants ou numériques, le dessin devient mouvant, poreux, hybride.
Certains artistes, comme Mélanie Berger (Archiraar Gallery), traitent le papier comme un organisme vivant, altérable, traversé d’interactions avec l’environnement. D’autres, comme Violaine Lochu (Analix Forever), utilisent la voix comme prolongement du trait, entre dessin, langage et performance. Le médium se fait langage universel, interface poétique, voire manifeste.
Cette pluralité de formes n’est pas un simple effet de mode. Elle traduit une volonté d’élargir les possibles, d’ouvrir des espaces d’expression inédits pour penser autrement notre rapport au corps, au monde, à la matière. Et c’est précisément ce que Drawing Now cherche à capter et révéler chaque année : un dessin qui respire, qui bouge, qui s’affranchit.

Alireza Shojaian, Le démon blanc et l’arbre en feu, 2024, acrylique et crayon de couleur sur bois, 80 x 60 cm. Courtoisie de l’artiste et de la galerie Bendana _ Pinel Art Contemporain

Arno Luzamba Bompere, Utopie concrète pour un retour à l ‘essence, 2021, technique mixte, aquarelle et collage sur papier, 29,7 x 42 cm. Courtoisie de l’artiste et de la galerie Backslash

Bernard Moninot, Nuages #4, 2023, acrylique sur papier, 12 x 16 cm. Courtoisie de l’artiste et de la galerie Catherine Putman

Dom Simon, A Touch of Hopper III, 2024, stylo à bille, crayon de couleur, papier Canson, 88 x 110 cm. Courtoisie de l’artiste et de la galerie Rodler Gschwenter

Elene Usdin, Robert Memories, 2023, crayon et gouache sur papier, 150 x 200 cm. Courtoisie de l’artiste et de la galerie Barbier

Lucas Ribeyron, La Pietá, after Michel-Ange after Mellan after Hupka, 2018, encre et fusain sur papier, 140 x 240 cm. Courtoisie de l’artiste et de la galerie Taglialatella

Mbaye Diop, Sans titre, 2024, pastel à l’huile sur papier, 50 x 70 cm. Courtoisie de l’artiste et de la galerie Selebe Yoon

Oda Jaune, T like Tea(r)colors, 2023, aquarelle sur papier teinté, 38 x 31,5 cm. Courtoisie de l’artiste et de la galerie Templon

Orianne Castel, Vue, 2024, encre et crayon sur papier cartonné, 10,5 x 15 cm. Courtoisie de l’artiste et de la galerie Analix Forever

Philippe Hortala, Pâtisseries, 1988, crayon gras sur papier, 61,5 x 52 cm. Courtoisie de l’artiste et de la galerie Henri Chartier et ayant droit

Sylvain Le Corre, BEARING WITNESS - Lapidaire #3, aquarelle et graphite sur papier, 30 x 40 cm, Copyright Studio Sylvain Le Corre, courtoisie de l’artiste et de la galerie Antoine Dupin

Tiziano Foucault-Gini, Eclat, 2024, graphite sur papier, 9 x 10,7 cm, encadré 51,5 x 37 cm. Courtoisie de l’artiste et de la galerie C Neuchâtel-Paris
L’envers du décor : sélection, partis pris et scènes émergentes
Mais comment ces artistes accèdent-ils à cet espace de visibilité ? Le salon repose sur une sélection exigeante, assurée par un comité composé de critiques, curateurs et directeurs d’institutions. Un choix fort, qui permet à Drawing Now d’affirmer une ligne artistique cohérente tout en s’ouvrant à la jeune création.
Les secteurs Insight et Process illustrent parfaitement cette volonté d’audace. Le premier met en avant des galeries émergentes ou des artistes encore peu connus du public. Le second invite à l’expérimentation et à la co-création, avec des projets construits entre artistes, galeristes et commissaires. C’est là que l’on découvre souvent les propositions les plus novatrices, les plus déconcertantes aussi — celles qui redéfinissent ce que le dessin peut être.
Pour de nombreuses galeries comme 22,48 m² (Romainville) ou lilia ben salah (Paris), participer à Drawing Now est un enjeu stratégique, autant qu’un gage de reconnaissance. Le salon est devenu un lieu de rencontres professionnelles, de repérage de talents, et un véritable baromètre des tendances graphiques actuelles.
Du salon à la reconnaissance : le rôle de tremplin de Drawing Now
Au-delà de l’exposition, Drawing Now agit aussi comme un accélérateur de trajectoires. Le Prix Drawing Now, décerné depuis 14 éditions, met en lumière un·e artiste pour la cohérence de sa pratique dessinée. À la clé : une dotation, une exposition personnelle et souvent, un coup de projecteur décisif.
Mais même sans distinction officielle, la simple présence au salon peut marquer un tournant. Les collectionneurs, les institutions, les critiques y scrutent attentivement les nouvelles écritures. Être visible à Drawing Now, c’est entrer dans une cartographie du dessin qui dépasse les frontières et les étiquettes. C’est rejoindre une scène en constante redéfinition, où l’expérimentation est une nécessité, non une exception.
Dessiner demain : entre métamorphose du trait et éclosion des talents
Ce que révèle Drawing Now, année après année, c’est qu’il n’y a plus de limites au dessin. Il s’agit d’un territoire mouvant, une zone d’essai où cohabitent le geste intime et la revendication politique, l’abstraction radicale et le récit fragmenté.
En soutenant les artistes qui repoussent ces frontières, le salon ne se contente pas de refléter l’évolution du dessin contemporain : il la stimule. Il offre à ces pratiques une scène, une légitimité, et peut-être même, un avenir.
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