Dior @ Musée du Louvre / Nicolas Bousser

Lorsque la mode rencontre l’histoire de l’art dans un cadre aussi prestigieux que le musée du Louvre, l’expérience se doit d’être aussi audacieuse que magistrale. C’est exactement ce que propose l’exposition Louvre Couture : Objets d’art, objets de mode, jusqu’au 21 juillet 2025. Sous la direction de la scénographe Nathalie Crinière, cette présentation unique offre au visiteur une immersion totale dans un dialogue fascinant entre créations de haute couture et chefs-d’œuvre artistiques.

Une déambulation libre, une invitation au rêve

Contrairement à un parcours muséal classique, Louvre Couture invite à la déambulation et à la flânerie. Nathalie Crinière a imaginé une mise en scène fluide, qui laisse les visiteurs explorer à leur rythme une succession de périodes historiques. Cette liberté d’exploration met en valeur l’interconnexion entre mode et art, et permet de révéler des échos parfois insoupçonnés.

Les podiums en miroir sont l’un des éléments scénographiques les plus frappants de l’exposition. En reflétant simultanément les créations de mode et les objets d’art environnants, ces surfaces créent une illusion visuelle qui multiplie les perspectives. Une robe de Balenciaga peut ainsi se mêler aux ornements d’une tapisserie médiévale, tandis qu’un motif de céramique antique semble se prolonger dans les broderies d’un tailleur Dior.

Un voyage chronologique

Le parcours de l’exposition s’articule autour de thèmes chronologiques clés. Chaque époque est mise en scène de manière à recréer son ambiance distinctive :

Byzance et le Moyen Âge : Les pierreries et les ors des objets précieux sont réfléchis dans des silhouettes majestueuses, posées sur des podiums en miroir. La robe devient reliquaire, la dentelle évoque les réseaux complexes des vitraux.
Renaissance et XVIIe siècle : Ici, céramiques émaillées, armures richement ornées et tapisseries monumentales trouvent leur écho dans des créations audacieuses. La haute couture se fait armure ou tableau vivant.
Le Grand Siècle et le XVIIIe siècle : Dans les period rooms, robes et accessoires sont immergés dans les somptueux décors originaux. Une robe inspirée d’une commode Louis XV semble presque sortir du mobilier.
Le Second Empire : Les appartements Napoléon III offrent un cadre d’une opulence rare, où les robes éclatantes de Christian Dior ou les volumes exubérants de Balenciaga trouvent leur place naturelle.

Anecdotes et détails poétiques

Chaque œuvre exposée révèle une anecdote ou un détail historique. Par exemple, une veste signée Karl Lagerfeld pour Chanel reprend les motifs d’une commode du XVIIIe siècle conservée au Louvre. De même, une robe Schiaparelli s’inspire des bustes-reliquaires, transformant l’art religieux en création avant-gardiste.

Certaines pièces transcendent les limites du temps : une armure du XVIe siècle se mue en une robe structurée signée Balenciaga, tandis que les tapisseries de la Dame à la licorne inspirent les motifs textiles d’un tailleur Givenchy. Ces dialogues inattendus ne sont pas seulement des hommages : ils réinterprètent et redéfinissent le rôle de la mode comme vecteur de culture.

Une scénographie qui sublime le dialogue

Avec Louvre Couture, Nathalie Crinière démontre que la scénographie n’est pas qu’une question d’espace : elle est une mise en récit visuelle qui engage le visiteur dans une conversation entre le passé et le présent. En offrant un regard renouvelé sur les collections du Louvre, elle réinvente à la fois l’art et la mode, les présentant comme deux faces d’une même création humaine.

Une chose est certaine : l’exposition ne se contente pas de montrer. Elle émerveille, questionne et inspire, à travers une scénographie où chaque élément a été pensé pour enrichir l’expérience du visiteur.