©Laurent Edeline

Du 11 janvier au 1er mars 2025, la galerie Templon, située au cœur de Paris, accueille Prune Nourry avec son exposition Vénus. Connu pour ses travaux explorant les mythes, les symboles et la matière terre, l’artiste livre ici une œuvre à la fois intime et universelle, où passé et présent se rejoignent pour célébrer la diversité des corps et des récits féminins.

Une genèse ancrée à Saint-Denis

L’exposition Vénus trouve son origine dans une collaboration poignante entre Prune Nourry et la Maison des Femmes de Saint-Denis, un centre d’aide pour les femmes victimes de violences. Inspirée par ses échanges avec la gynécologue Ghada Hatem, fondatrice du centre, l’artiste a invité huit femmes à poser nues dans son atelier, situé dans une ancienne résidence de jeunes filles transformée en centre d’art.

Ces femmes, chacune porteuse d’un parcours unique, ont accepté de dépasser les tabous sociaux et personnels pour participer à cette démarche artistique. Nourry a sculpté leurs bustes en terre, à la manière des Vénus préhistoriques, symboles ancestraux de fertilité et de féminité. Chaque œuvre, modelée à partir des récits et des corps des modèles, révèle une fusion entre leur histoire et l’héritage millénaire des Vénus.

Un voyage entre l’intime et le monumental

Dans la lignée de ses précédents travaux tels que Terracotta Daughters ou Mater Earth, Prune Nourry mêle ici tradition et modernité. Les bustes sculptés, réalisés en bronze recouvert de terre ou en terre cuite, se déclinent en tailles humaines et miniatures, rappelant les Vénus du Paléolithique. Ces œuvres ne sont pas simplement des portraits, mais des témoignages qui résonnent avec des problématiques universelles.

L’exposition inclut également un prototype monumental de 170 cm, écho à son projet Les Vénus dionysiennes créé en tandem avec l’architecte Kengo Kuma pour la gare Saint-Denis – Pleyel. Cette commande publique, qui sera inaugurée en 2026, réaffirme le lien entre l’art, l’urbanisme et le patrimoine culturel.

Une scénographie riche et immersive

Dans les espaces de la galerie Templon, les visiteurs sont invités à explorer différentes facettes de Vénus :

Au rez-de-chaussée : Une série de sculptures en bronze et terre cuite, des Vénus en miniature et des œuvres monumentales. Parmi elles, des moules provenant de l’Atelier de moulage du GrandPalaisRmn retracent l’histoire des Vénus depuis la Préhistoire jusqu’au XXe siècle.
Au sous-sol : Sept nouvelles pièces hybrides issues de la collaboration avec l’Atelier de moulage, ainsi qu’un documentaire de Vincent Lorca, L’Amazone Érogène, qui plonge dans le processus créatif de l’artiste.

Cette scénographie met en lumière la relation entre les modèles et l’artiste, tout en célébrant l’histoire de l’art à travers les âges.

Une artiste engagée et internationale

Née en 1985 à Paris et formée à l’École Boulle, Prune Nourry partage aujourd’hui sa vie entre Paris et New York. Ses œuvres, qui mêlent sculpture, installation, performance et vidéo, interrogent les grands enjeux de notre époque : la place des femmes, les questions éthiques autour de la science et de l’équilibre écologique.

Son parcours artistique est jalonné de projets marquants, tels que :

Terracotta Daughters (2011-2030), une armée de petites filles en terre cuite enfouies en Chine jusqu’en 2030.
Mater Earth (2023), une installation immersive au Château La Coste évoquant la maternité et la matière argile.
Statues Also Breathe (2022), une collaboration avec l’Université d’Ile-Ife au Nigéria, inspirée du mythe de création yoruba.

Prune Nourry a également signé la scénographie de l’opéra-ballet Atys en 2022 et a participé à de nombreuses expositions internationales, de Paris à New York en passant par Bruxelles et Venise.

Un dialogue entre l’art et l’humanité

L’exposition Vénus dépasse la simple contemplation esthétique. Elle invite le spectateur à réfléchir sur des questions fondamentales : comment l’art peut-il rendre hommage aux récits personnels ? Comment le passé peut-il éclairer le présent ? À travers ses œuvres, Prune Nourry réaffirme que nous sommes tous issus de la même terre et liés par une humanité commune.

En parallèle, la monographie Corpus, retraçant l’œuvre de Prune Nourry, sera publiée aux Éditions de La Martinière en février 2025. Une signature est prévue le 13 février à la galerie.