Augustin Frison-Roche, L ‘Adoration des mages, acrylique sur toile, 350 x 460 cm, ©ADAGP Paris 2024
Du 9 janvier au 26 février 2025, le Collège des Bernardins, joyau de l’architecture cistercienne à Paris, accueille l’exposition Épiphanies d’Augustin Frison-Roche. Cette exploration artistique dévoile dix-neuf œuvres monumentales et intimes, où le sacral rencontre l’onirique dans une vision poétique et spirituelle. L’exposition offre une expérience immersive, guidant les visiteurs à travers des paysages mystiques et des apparitions qui transcendent le visible.
Le thème des épiphanies : un dialogue entre sacralité et création
Au cœur de l’exposition se trouve le concept d’épiphanies, ces apparitions liées à l’Histoire Sainte, à la contemplation de la nature et à la création artistique. Inspiré par la lettre aux artistes de Jean-Paul II, l’artiste traduit ces apparitions en une invitation à contempler le mystère et la beauté du monde. Les références religieuses, telles que l’adoration des mages ou l’apparition de la colombe lors du baptême du Christ, deviennent des clés de lecture pour comprendre ce lien subtil entre le visible et l’invisible.
Ce dialogue entre l’art et la spiritualité résonne également dans l’approche matièreée de Frison-Roche, qui transforme les pigments, les dorures et les formes pour éveiller un sentiment d’émerveillement. Chaque toile devient une « apparition », un moment suspendu où la contemplation guide le regard vers une beauté universelle.
Un parcours immersif : entre lumière et résonance spirituelle
Le parcours débute dans la nef du Collège avec la série La forêt était devenue une immense basilique. Ces paysages aux connotations rimbaldiennes évoquent une nature transcendée, guidant le visiteur de l’obscurité de la nuit vers la lumière naissante de l’aube.
Dans l’ancienne sacristie, la toile L’Étoile invite à suivre un chemin mystique, prélude à la série Les sept jours de la Création. Ces tableaux, d’une richesse chromatique exceptionnelle, illustrent les étapes fondatrices de la Genèse, soi l’origine et développement des êtres, tout en dialoguant avec la matière. Le point culminant du parcours est L’adoration des mages (350 x 460 cm), une œuvre où les dorures et les couleurs vibrantes plongent le spectateur dans une effusion visuelle et spirituelle.
L’oculus monumental L’Assomption (4 m de diamètre), destiné à la cathédrale de Cambrai, constitue une pièce phare de l’exposition. Installé dans la nef des Bernardins, il invite à un regard contemplatif et incarne une symbiose entre architecture sacrée et art contemporain.
Augustin Frison-Roche, Série de 7 oeuvres, Les sept jours de la Création, huile sur bois et feuille d'or, 100 x 100 cm, ©ADAGP Paris 2024 - 3ème jour
Augustin Frison-Roche, Série de 7 oeuvres, Les sept jours de la Création, huile sur bois et feuille d'or, 100 x 100 cm, ©ADAGP Paris 2024 - 4ème jour
Un dialogue entre les arts
La musique occupe une place essentielle dans cette exposition, en complément des œuvres picturales. Sarah Rouppert, claveciniste renommée, interprète des concerts baroques sur un clavecin peint par Augustin Frison-Roche. Les sons cristallins du clavecin amplifient l’atmosphère contemplative de l’exposition, tout en illustrant l’idée que la beauté peut s’exprimer à travers différents médiums.
En plus des concerts, une programmation riche en événements vient renforcer l’expérience des visiteurs : conférences, visites guidées et ateliers pour le jeune public permettent une exploration approfondie des thèmes abordés.
Portrait d’un artiste habillé par l’Histoire
Né en 1987, Augustin Frison-Roche conjugue une formation littéraire et artistique. Son parcours traverse les âges de l’histoire de l’art, depuis les fresques préhistoriques jusqu’aux mouvements symbolistes et nabis. En s’inspirant de Bosch, Brueghel ou encore Redon, il crée des œuvres qui mêlent un onirisme puissant à une précision technique remarquable.
Sa carrière est ponctuée de commandes prestigieuses pour des cathédrales et des lieux de culte en France. De la réalisation de retables à des peintures murales monumentales, Frison-Roche inscrit son travail dans une tradition où le sacral dialogue avec l’humain.
Un manifeste pour la création
Pour Frison-Roche, l’art est un acte de transformation et d’émerveillement. Sa démarche artistique puise dans la matière brute — pigments, dorures, bois — pour donner naissance à des œuvres qui « surgissent » au-delà de leur simple existence physique. Comme Baudelaire, il aspire à transformer la boue en or, créant ainsi des apparitions qui touchent au sublime.
En réinventant l’art sacral avec une modernité ancrée dans la tradition, l’exposition Épiphanies devient un manifeste : celui d’une beauté intemporelle et universelle qui invite chaque spectateur à se reconnecter à son regard d’enfant.
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