Sélectionner une page

Edi Dubien, Sans titre, 2020, aquarelle et crayon sur papier, 110×75cm – Photo ©Musée de la Chasse et de la Nature – David Giancatarina – adagp, Paris

Du 10 décembre 2024 au 4 mai 2025, le Musée de la Chasse et de la Nature consacre une vaste exposition monographique à l’artiste autodidacte Edi Dubien. Intitulée S’éclairer sans fin, l’exposition déploie plus de 300 œuvres inédites au sein des espaces historiques du musée. Dessins, peintures, sculptures et installations se mêlent dans un dialogue poétique entre l’humain et le vivant, dans un cadre où la nature devient à la fois muse et miroir.

Une quête de résilience à travers l’art

Né en 1963 à Issy-les-Moulineaux, Edi Dubien a connu deux naissances : biologique et symbolique, cette dernière marquant sa transition de genre en 2014. Ce moment de renaissance a insufflé une nouvelle force à son travail, qui explore des thématiques telles que l’identité, l’enfance et la résilience. À travers ses créations, l’artiste célèbre l’altérité et la liberté d’être, tout en interrogeant nos rapports au vivant.
Ses œuvres mettent en scène des humains mélancoliques, des animaux maquillés et des végétaux délicats, tissant des récits d’échanges et de transformation. Dans un monde de plus en plus clivant, Edi Dubien propose une vision réparatrice où la fragilité devient force.

Un parcours scénographique audacieux

L’exposition s’ouvre sur une salle tapissée d’un papier peint imaginé par l’artiste, où des motifs de crânes surmontés de coccinelles se fondent dans une trame végétale. Ce décor immersif annonce la tonalité : entre vie et mort, douceur et puissance, chaque œuvre raconte une histoire intime et universelle.
Au centre de l’espace, une barque sculptée symbolise l’harmonie entre espèces. Remplie d’animaux en résine et surmontée d’un jeune homme tenant un diplodocus, cette installation évoque la protection et la mémoire de l’enfance. Le parcours se poursuit à travers les salons historiques du musée, où les créations d’Edi Dubien entrent en dialogue avec des animaux naturalisés et des œuvres classiques.

Les thématiques d’un univers singulier

  • L’enfance réparée : La figure de l’enfant revient comme un fil rouge dans l’œuvre d’Edi Dubien. Inspiré par des photographies anciennes, souvent glanées en brocante, l’artiste réinvente l’enfance en la plaçant sous le signe de la protection et de la tendresse. Faune et flore deviennent des remparts symboliques contre les blessures du passé. Ces œuvres sont autant d’actes de réparation, où l’artiste soigne les traumatismes en redonnant vie et dignité aux anonymes qu’il représente.
  • L’identité en mouvement : Les portraits d’Edi Dubien explorent la complexité de l’identité, la transition et la réappropriation de soi. Ces œuvres, souvent autobiographiques, traduisent une quête de vérité intime et collective. Par des lignes précises et des couleurs vibrantes, l’artiste capte les nuances de l’existence humaine, loin des stéréotypes normatifs.
  • La force de la fragilité : Dans un monde qui glorifie la puissance, Dubien choisit de mettre en lumière la délicatesse. Ses personnages, souvent silencieux et mélancoliques, incarnent la vulnérabilité comme une force intérieure. « Faisons de la fragilité une force », aime-t-il rappeler, dans une invitation à embrasser nos failles pour mieux avancer.
  • La résilience par la nature : La nature occupe une place centrale dans l’univers de Dubien, à la fois comme refuge et comme métaphore. Animaux et végétaux deviennent les alliés d’une résilience collective et personnelle. Ses œuvres, souvent oniriques, traduisent une vision écologiste subtile et sensible, où cohabitent contes de fées et préoccupations environnementales contemporaines.

Un artiste au croisement des mondes

Edi Dubien revendique un art sans prétention académique mais profondément ancré dans l’intime et le collectif. Ses influences vont des paysages auvergnats de son enfance aux écrits de Donna Haraway sur la symbiose interespèces. Loin de tout manichéisme, il invite à repenser nos interactions avec le vivant sous le prisme de la réconciliation.

Un appel à l’espoir

« S’éclairer sans fin… C’est ce que j’ai toujours essayé de faire : éclairer, m’éclairer. C’est une façon d’aller vers l’autre, vers les choses, de mettre de la lumière. Et la lumière, c’est la vie. Il faut toujours s’éclairer, éclairer l’autre, s’éclairer soi-même. » Cette déclaration d’Edi Dubien résonne tout au long de l’exposition. Dans un monde où les frontières – entre humain et nature, homme et femme, force et vulnérabilité – se dissolvent, son art devient une boussole lumineuse.

À découvrir