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Publicité de 1937. Les plus belles affiches de Coca-Cola, Denoël, 1986

Le Père Noël n’est pas seulement un personnage de contes pour enfants ou une figure publicitaire. C’est avant tout un symbole qui a traversé les siècles, façonné par la littérature, l’art et les traditions populaires. Et si Coca-Cola lui a donné une visibilité mondiale, ses origines sont bien plus complexes et captivantes.

Saint Nicolas, la première esquisse

Au IVe siècle, un évêque généreux du nom de Nicolas de Myre, en Asie Mineure (actuelle Turquie), entre dans la légende. Connue pour ses actes miraculeux et son amour des enfants, sa figure se répand dans l’Europe médiévale. Lorsqu’elle arrive en Amérique au XVIIIe siècle avec des immigrants Hollandais, elle se transforme en Sinterklaas, qui devient progressivement Santa Claus.

Ce Saint Nicolas revisité se mêle au folklore américain, mais son apparence et sa personnalité restent encore floues. C’est la littérature et l’art qui viendront poser les premiers traits de ce personnage que nous connaissons aujourd’hui.

L’art au service de la légende

C’est donc au XIXe siècle que le Père Noël prend véritablement forme. Washington Irving, auteur de “La Légende de Sleepy Hollow, pose les bases du mythe en 1809 en décrivant un Saint Nicolas volant dans un char céleste. Mais c’est Clement Clarke Moore, en 1823, qui donne un souffle poétique à la légende avec “A Visit from St. Nicholas (plus connu sous le nom de “La Nuit avant Noël”). Dans ce poème, Saint Nicolas est jovial, dodu et accompagné de rennes volants.

Cette image littéraire inspire les artistes visuels. Thomas Nast, un caricaturiste de renom, joue un rôle déterminant. De 1863 à 1886, il publie une série de gravures dans le magazine Harper’s Weekly. Santa Claus y apparaît pour la première fois en costume fourré, distribuant cadeaux et espoir. Nast ne se contente pas de dessiner un personnage : il en fait un symbole politique, notamment pendant la guerre de Sécession, où Saint Nicolas devient un porte-drapeau des valeurs unionistes.

Le rouge et blanc, un choix artistique avant tout

Contrairement à une croyance répandue, Coca-Cola n’a pas « inventé » le Père Noël. Avant même les célèbres campagnes publicitaires des années 1930, les cartes postales du XIXe siècle montraient déjà un Santa Claus habillé en rouge et blanc. Ces couleurs, associées à la joie et à l’abondance, sont largement adoptées dans l’art de l’époque.

Haddon Sundblom, l’artiste derrière les affiches de Coca-Cola, n’a fait que reprendre et affiner cette imagerie pour séduire un public global. Sa contribution réside dans l’humanisation du personnage : un vieil homme bienveillant, chaleureux et accessible, immortalisé dans un style pictural proche de l’illustration classique.

Le Père Noël, une source d’inspiration artistique

Au-delà des gravures et affiches publicitaires, le Père Noël s’est imposé comme un sujet de prédilection dans diverses formes d’art. De Salvador Dalí, qui détourne l’image de Santa Claus dans des œuvres surréalistes, aux performances artistiques contemporaines où le mythe est revisité sous un prisme critique, cette figure reste un terrain fertile pour l’imagination.

Dans la photographie, notamment avec des artistes comme Diane Arbus, le Père Noël devient un reflet de la société, tantôt joyeux, tantôt dérangeant. En sculpture, il est souvent représenté dans des poses humoristiques ou symboliques, interrogeant notre rapport à la consommation et à la tradition.

Un personnage entre tradition et modernité

Le Père Noël, tel que nous le connaissons, est le fruit d’un travail collectif, où l’art a joué un rôle central. Il incarne l’universalité, la générosité et une certaine nostalgie. Mais il est aussi une preuve que l’imaginaire collectif peut se façonner à travers des siècles de créations littéraires, graphiques et publicitaires.

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