Sélectionner une page

©Michael Barriera – Campagne « La Beauté Sauvera Le Monde

En 2024, la beauté prend possession de l’espace public. « La Beauté Sauvera Le Monde« , un projet artistique inédit, transforme les villes françaises en véritables galeries à ciel ouvert. Pendant les mois de novembre et décembre, des centaines d’œuvres d’art des plus grands maîtres, comme Van Gogh, Monet, ou Brueghel, sont affichées partout : dans les rues, sur les façades, les abribus, les panneaux publicitaires, et même sur les chantiers. Ce projet, initié à Saint-Dizier en 2021, s’étend cette année à 32 villes à travers la France, avec pour objectif de rendre l’art accessible à tous, partout, gratuitement.

Le projet : simplicité et accessibilité

Le concept de « La Beauté Sauvera Le Monde » est simple : remplacer les supports publicitaires classiques par des œuvres d’art. Chaque ville participante choisit les œuvres qu’elle souhaite afficher, choisissant parmi des chefs-d’œuvre des plus grands musées nationaux. La thématique de cette année est la lumière dans l’art, un choix qui vise à apporter de la lumière dans les journées d’automne et à éveiller la curiosité des passants.
Les œuvres sont soigneusement sélectionnées avec l’aide du GrandPalaisRmn, un partenaire clé du projet, qui met à disposition un répertoire de plus d’1,5 million d’images. Ce partenariat garantit une diversité de visuels, de l’impressionnisme à la peinture du XVIIe siècle, pour toucher un large public. Par exemple, la célèbre œuvre La Nuit Étoilée de Van Gogh est l’une des plus choisies cette année, offrant une vision dynamique de la beauté à travers les yeux d’un maître.

Un impact local et national : plus qu’une exposition, une expérience participative

L’art dans la rue, c’est aussi une manière de redonner un sens à l’espace public. Ce projet permet aux citoyens, qu’ils soient jeunes ou adultes, de se réapproprier leurs villes sous un autre angle, à travers le prisme de l’art. À Naveil, une commune du Loir-et-Cher, les écoliers ont été invités à choisir les œuvres à exposer. Une démarche participative qui a permis de renforcer l’engagement des jeunes générations envers la culture et de rendre l’expérience encore plus mémorable pour eux.
Neuvy-sur-Barangeon, quant à elle, a choisi de vêtir ses commerces vacants de toiles d’art monumental, transformant ainsi un quartier en véritable parcours artistique. Les villes rurales, souvent éloignées des grands centres culturels, bénéficient ainsi d’un accès gratuit et direct à la culture, rendant l’art accessible même aux plus petits territoires.
Le projet se veut également un outil de médiation culturelle. Chaque ville peut enrichir l’expérience avec des visites guidées, des événements de médiation ou des parcours à travers la ville pour expliquer les œuvres exposées. Certaines communes, comme Châteauroux, ont même organisé des consultations citoyennes pour choisir les œuvres à exposer, renforçant ainsi le lien entre l’art et la communauté locale.

Une initiative aux retombées multiples : un modèle durable

L’une des particularités de cette initiative réside dans sa capacité à s’adapter et à être pérenne. Après chaque exposition, les affiches sont réutilisées dans les écoles, les hôpitaux, ou même offertes aux citoyens, ce qui permet à l’art de continuer à voyager au-delà de sa présentation publique. Cela contribue non seulement à la démocratisation de la culture, mais aussi à une approche responsable vis-à-vis de l’environnement, en réutilisant les supports et en réduisant le gaspillage.
L’aspect durable de ce projet va au-delà de la simple réutilisation des affiches. Les chantiers de construction sont également devenus des supports d’affichage, grâce à des partenaires comme Bouygues Bâtiment France. Ce partenariat permet de toucher un large public tout en embellissant des zones souvent perçues comme peu esthétiques, transformant des espaces de travail en véritables espaces d’expression artistique.

Un projet fédérateur : de Saint-Dizier à toute la France

L’initiative a vu le jour à Saint-Dizier en 2021, où l’art a envahi les rues de cette petite ville de la Haute-Marne. Le succès de cette première édition locale a rapidement fait des émules dans d’autres villes. Aubervilliers, Bourges, et Roanne font partie des villes pionnières ayant rejoint l’initiative en 2024, avec une implication forte des élus locaux et des citoyens. Ce mouvement prend de l’ampleur grâce au soutien de Villes de France, une association qui a accompagné la duplication du projet à l’échelle nationale.
L’idée est d’aller encore plus loin en 2025, avec la création d’une association « La Beauté Sauvera Le Monde » pour structurer et pérenniser cette initiative. Cette association travaillera avec les institutions culturelles, les collectivités locales et le secteur privé pour rendre l’art encore plus accessible et permettre une généralisation de l’opération à travers tout le pays. SNCF Gares & Connexions, par exemple, prévoit d’installer des œuvres dans les gares de France, élargissant ainsi encore plus le champ de diffusion de l’art.

Pourquoi ce projet est plus important que jamais ?

Dans une époque marquée par l’individualisme et une saturation publicitaire, « La Beauté Sauvera Le Monde » nous rappelle que l’art est un bien commun, un langage universel capable de rassembler et d’élever. À une époque où l’art est souvent perçu comme inaccessible, l’initiative transforme les villes en musées à ciel ouvert, rendant la culture vivante et présente dans la vie quotidienne.
De plus, elle soulève une question fondamentale : comment réinventer l’espace public pour qu’il devienne un lieu de rencontre, d’émotion, mais aussi de réflexion ? En offrant des œuvres d’art monumentales à des millions de citoyens, le projet participe activement à un renouveau du lien social, une forme de résistance face à la banalité de la publicité qui envahit l’espace public.

À découvrir